La question de la liberté religieuse dans l’islam se pose fréquemment quand on aborde l’apostasie. Un musulman est-il libre de quitter sa religion ? Risque-t-il la mort ? Les avis sont partagés et le débat fait rage.
En théorie, la grande majorité des pays du monde respectent la déclaration universelle des droits de l’homme, y compris les pays musulmans, mais leur application de la liberté religieuse varie d’un pays à l’autre.
L’islam distingue deux apostasies :
- Riddah, qui signifie tourner le dos ou la sécession est la première apostasie. Ce terme désigne les guerres de sécession au VIIème siècle en Arabie.
- Irtidad, qui signifie un retour en arrière. L’irtidad désigne le détournement délibéré et conscient d’un musulman adulte.
L’islam distingue encore deux types d’apostats:
- Murtad Fitri, désigne un ex-musulman né de parents musulmans.
- Murtad Milli, désigne un apostat qui s’est converti auparavant à l’islam.
Traditionnellement, si musulman quitte l’islam sous la contrainte (la conversion forcée), ce n’est pas considéré comme une apostasie.
L’apostasie est un péché
Il semblerait que le Coran considère l’apostasie comme un péché mais ne prescrit jamais de punition temporelle explicitement. Selon le Coran, Allah peut pardonner tous les péchés à l’exception la non-croyance (Coran 4:48 et 4:116).
Par contre plusieurs hadiths (les dits du prophète) peuvent être utilisés pour légitimer un châtiment corporel.
La majorité des juristes musulmans estiment qu’il est interdit à un musulman de quitter sa religion et condamne l’apostasie de la peine de mort.
Un certain nombre de savants musulmans apportent des restrictions à cette condamnation. Pour eux, seul un Etat musulman est qualifié pour imposer le châtiment, qui ne peut en aucun cas relever de l’initiative d’individus ou de groupes. A certains égards, c’est le point de vue de Yousouf al-Qaradawi, le cheikh très écouté installé au Qatar.
Un troisième groupe, minoritaire, refuse les punitions temporelles pour les cas d’apostasie.
La situation diffère selon les pays (et vous comprendrez aisément que, comme animateur de ce site, nous n’irons en vacances dans n’importe quel pays!) :
- Algérie : la loi du 21 mars 2006 condamne à une peine d’emprisonnement de 2 à 5 ans ceux qui tente d’amener un musulman à quitter sa religion. La même sanction est prévue pour ceux qui diffuse des publications ou autres choses qui déstabilisent l’attachement à l’islam.
- Arabie Saoudite : l’apostasie est passible de la peine de mort (décapitation au sabre).
- Egypte : le pays est signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui admet formellement le droit de changer de religion sans conséquences négatives. L’apostasie n’y est pas explicitement condamnée par la loi. Néanmoins, certains cas de changement de religion ont été condamnés par des peines d’emprisonnement ou d’internement.
- Iran : l’apostasie est condamnée à mort.
- Lybie : le rejet de l’islam peut entraîner la perte de la citoyenneté.
- Malaisie : la constitution fédérale prévoit le droit de choisir sa religion mais également l’interdiction de prêcher une autre religion à un musulman. Une loi adoptée par la majorité des états fédérés prévoit une amende ou un peine de prison pour ceux qui tentent d’éloigner un musulman de sa religion. La Sedition Act condamne la critique de l’islam, il est donc très difficile de quitter l’islam…
- Maroc : le pays est signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui admet formellement le droit de changer de religion sans conséquences négatives. Néanmoins, le prosélytisme est condamné.
Les démarches pour s’apostasier
Il y a plusieurs manières de quitter l’islam. Le livre en ligne ‘The Penalties for Apostasy in Islam‘ en énumère quelques unes:
- Faire une déclaration explicite et publique: « je crois en d’autres dieux qu’Allah » (usherek billah).
- Faire une revendication qui a pour résultat le blasphème, tel que, « Allah a une substance matérielle ou une forme comme d’autres substances ou des formes » (kufr).
- Faire « une action qui ressemble clairement au blasphème, tel que le fait de se débarrasser négligemment d’un Coran.
- Brûler ou salir le Coran en le méprisant.
- Adorer une idole, ou apprendre et pratique la magie.
- Entrer dans une église chrétienne.
- Déclarer que l’univers n’est pas la création d’Allah.
- Diffamer le prophète, sa morale, ses vertus,…
Les conséquences de l’apostasie
Outre la condamnation et la punition de la peine capitale (finalement, et heureusement, rarement appliquée aujourd’hui), l’apostasie entraîne automatiquement l’annulation du contrat de mariage.
Voir aussi
- le courant takfiri
- le portail des ex-musulmans orthodoxes
- Le livre en ligne ‘The Penalties for Apostasy in Islam‘
- Apostates of Islam
- Un blog consacré à l’Apostasie et à l’Islam
- Une intéressante réflexion sur l’apostasie dans le Coran
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